Roman ado- On ne parle pas de caRoman ado dès 15 ans, 
On ne parle pas de ça, Eva Kavian, 
Oskar Editeur, 2014, 13,95 euros
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Résumé de ce roman ado : Quatre jeunes, qui ne se connaissent pas, meurent à des moments différents et pour des raisons différentes. Lisa, qui a perdu sa fille Mathilde, accueille d’autres mères ayant perdu leur enfant et qui se retrouvent seules. Elles finissent par vivre dans la même maison, en autarcie, en acceptant la condition « On ne parle pas de ça ». Tout le village les aide en silence. Puis un jour Sadya, 18 ans, dont la vie est menacée, débarque. Elle pense que le meilleur refuge est cette maison où vivent des mères privées de leur enfant. Et elle a raison car ces mères vont la protéger. C’est pour Sadya qu’elles vont enfin sortir de cette maison et de leur isolement…

Mon avis : En ce mois de novembre, j’ai décidé d’aborder sur le blog des thèmes assez difficiles, mais qui sont importants tout de même. Il s’agit du Deuil. La mort fait partie de la vie, mais nous ne savons pas toujours comment en parler avec les enfants. C’est un sujet tabou, où on ne trouve jamais les bons mots. Je vais donc tenter de vous faire découvrir quelques livres, que ce soir des albums pour les petits ou des romans ado pour petits et grands pour parler du deuil et de la mort. Je regrouperai prochainement ces livres dans un article spécial que vous pourrez  voir dans Les livres par Thèmes.

Ce roman ado aborde un thème particulièrement difficile. Bien entendu il s’agit d’une histoire de deuil, mais plus particulièrement du deuil des mères. Ces mères qui ont connu le malheur immense de perdre un de leurs enfants. Une femme qui a perdu son mari est une veuve, un enfant qui a perdu ses parents est un orphelin, mais il n’y a pas de nom pour décrire ce qu’est un parent qui survit à son enfant.

Dans ce roman ado, on va découvrir le portrait de quatre femmes qui ont toutes perdu leur enfant. Les conditions sont différentes : accident, maladie, … Ces quatre femmes ne se connaissent pas, mais elles vont se retrouver dans la maison de Lisa, qui a perdu sa fille Mathilde. Le hasard les rassemble autour de leur triste. toutefois, entre elles, elles ne parlent jamais de cela, de leur drame, de leur souffrance. C’est la règle ! Elles vivent un peu en marge de la société, mais tous les villageois les connaissent et les aident comme ils peuvent. Un jour Sadya, une jeune fille de 18 ans dont la vie est menacée va atterrir dans cette maison de mères en souffrance.

J’ai beaucoup aimé la première partie de ce roman ado. Je ne vous cache pas qu’elle est très difficile. C’est dur, c’est horrible de voir comment ces mères perdent leur enfant. On n’ose imaginer ce genre de chose. D’ailleurs, on devrait JAMAIS survivre à ses enfants, JAMAIS ! En lisant ce genre de livre, on ne peut s’empêcher d’imaginer cette souffrance, ce deuil impossible à faire. Le destin de ces quatre femmes est vraiment dur et bouleversant.
Et puis, à l’arrivée de Sadya, j’ai eu beaucoup de mal. J’ai trouvé que le roman prenait une toute autre tournure. C’est un roman pour ado qui va se nourrir d’un tas de clichés, et ça m’a dérangé. J’ai vraiment pas apprécié la tournure qu’a pris l’histoire et la façon dont tout cela finit. Ca ne m’a vraiment pas marqué, et puis j’étais franchement déçue. Je crois que ce qui m’a le plus dérangé c’est cette accumulation de clichés autour de Sadya et de sa famille. Je suis vraiment las de ce genre de préjugés que l’on nous sert à tort et à travers. Je trouve que cela participe à la stigmatisation des personnes arabes et musulmanes (car effectivement, l’amalgame est vite fait). C’est vraiment dommage car le récit était vraiment bien parti. J’aurai aimé une jolie chute (s’il est possible d’en avoir une avec un tel sujet), mais quelque chose de doux et qui donne de l’espoir.

L’écriture d’Eva Kavian est un peu particulière, voir déroutante au début, surtout pour un roman ado. Elle interpelle le lecteur, et le balade au grès de ses envies dans son histoire. J’ai eu parfois un peu de mal, je dois bien l’avouer, et puis finalement je m’y suis faite, même si sur la fin, ça m’a lassé (ça devait être dû à l’accumulation). C’est un ton assez tranchant et sec qu’elle utilise, ce qui rend le texte d’autant plus vif et prenant. C’est à voir donc, selon les goûts et les couleurs de chacun.

Au final, vous l’aurez compris ce livre avait tout pour être poignant et saisissant. Il l’a été jusqu’à un certain point, puis le soufflet est retombé aussi sec pour moi. C’est vraiment dommage !
Toutefois, je tiens également à signaler le joli travail des éditions Oskar sur la couverture car elle est vraiment magnifique et correspond très bien au thème de ce roman ado.

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